Le ciel s'est assombri
Je m'en souviens comme si c'était hier. Juillet 2001, me voilà dans l'avion censé me ramener chez mes parents pour les vacances.Je suis toute excitée à cette idée. L'étudiante émancipée que je suis devenue meurt d'envie de raconter ses "exploits" à tout le monde ou pour faire court son adaptation dans la mère patrie. Calée au fond du siège, la ceinture bouclée, je ronge mon frein. Nous avons 1h30 de retard sur l'horaire de décollage, et le pilote ne semble pas disposé à partir. Serait-il lui aussi adepte de la moramora attitude ? ;-)
Il prend le micro et indique que nous allons bientôt partir. Sourire tranche-papaye sur mon visage. Et nous quittons la métropole. Ou plutôt, le sol métropolitain. C'est une soirée lourde, pleine d'orages sur la capitale. C'est la fête aux cumulo-nimbus, tous réunis au-dessus du tarmac. Le pilote tente une première percée au-dessus de cette masse compacte de nuages menaçants. Ne trouvant aucune faille, il repique du nez en espérant trouver une autre sortie. Peine perdue. L'avion continue de tourner à basse altitude au-dessus d'Orly. L'avion tangue, on est bien secoués. L'équipage éteint les lumières pour ne laisser que les petites veilleuses. Je vois de la foudre et des éclairs à l'intérieur des nuages qui sont à notre hauteur. Spectacle son et lumière en direct, frissons garantis. Et là, franchement j'ai peur. Quoi ? J'ai survécu à un an d'études loin de mon environnement familial dans une campagne perdue pour mourir la veille de mon retour ? La lose totale.
Mon histoire s'est bien terminée. Le pilote a finalement réussi à prendre de l'altitude et nous sommes arrivés à destination sans encombre. Ce qui n'est pas le cas pour tout le monde.
Aujourd'hui le ciel s'est assombri.
Petit hommage de Django Reinhardt aux disparus avec Nuages.
Libellés : avion, catastrophe aérienne, django, nuages
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Un excellent hommage qui sans pouvoir ramener les chers disparus dresse une stèle en or à leur mémoire ineffaçable.
Merci tout simplement.
Et merci à vous pour votre passage.
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